

Je me suis toujours sentie tiraillé entre la recherche du beau et celle du vrai. J’ai longtemps avancé entre rigueur et sensibilité, jusqu’à comprendre que ma force réside précisément dans ce paradoxe.
Cet équilibre délicat entre précision et intuition me pousse à explorer sans cesse la magie discrète du quotidien : les fragments d’émotions, les instants suspendus, les nuances presque imperceptibles.
Cette sensibilité nourrit tout ce que je fais et tout ce que je crée.
On m’a souvent dit que j’étais « trop » :
trop sensible, trop intense, trop dans ma tête.
Alors j’ai appris à contenir. À rendre les choses plus lisses, plus acceptables. Mais ce que j’ai mis de côté, c’était justement ce qui me rendait précis. Vivant.
Ma sensibilité, ce n’est pas une faiblesse. C’est un capteur affûté. Elle capte ce que d’autres survolent. Elle sent avant de savoir. Elle tremble, oui. Mais elle guide. Aujourd’hui, je choisis de ne plus l’amortir. Parce que c’est elle qui me permet de créer juste. De lire entre les silences. De faire émerger ce qu’on ne dit pas, mais qu’on ressent fort.
Et ça, c’est une force que je ne négocie plus.
Rêver, ce n’est pas fuir. Ce n’est pas se mentir.
C’est poser un possible là où il n’y avait encore rien.
C’est construire une direction quand tout semble flou.
Pendant longtemps, on m’a fait sentir qu’il fallait choisir : être « raisonnable » ou être rêveur. Comme si l’un annulait l’autre. Mais ce que je sais aujourd’hui, c’est que les rêves sont des points de départ. Des balises. Ils ne font pas tout, mais ils donnent un sens à chaque effort. Ils ne garantissent rien, mais sans eux, on ne tente rien.
Rêver n’est pas un luxe. Ce n’est pas réservé à ceux qui ont déjà les moyens. C’est un acte vital. Un droit intime.
Et parfois, ça suffit pour déplacer une montagne.